Page:Schopenhauer - Le Monde comme volonté et comme représentation, Burdeau, tome 3, 1909.djvu/338

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salique : la femme ne peut pas continuer la race. — Hume dit, dans sa courte autobiographie : « Our mother was a woman of singular merit. » Sur la mère de Kant la dernière biographie de F.-W. Schubert s’exprime ainsi : « D’après le propre jugement de son fils, c’était une femme d’un grand bon sens naturel. Pour l’époque d’alors, et vu la rareté des occasions de former l’esprit des jeunes filles, elle avait une instruction exceptionnelle qu’elle ne cessa jamais dans la suite d’agrandir encore par elle-même… À la promenade elle attirait l’attention de son fils sur toute sorte de phénomènes naturels et cherchait à les expliquer par la puissance divine. » — Quelle femme d’une raison peu commune, pleine d’esprit et supérieure que la mère de Gœthe ! C’est un fait connu de tout le monde. Combien n’a-t-on pas parlé d’elle dans la littérature ! Et de son père on n’a dit mot : lui-même nous le dépeint comme un homme de facultés médiocres. — La mère de Schiller était accessible à la poésie et faisait même des vers ; on en peut voir un fragment dans sa biographie de Schwab. — Bürger, ce vrai génie poétique, digne peut-être de la première place après Gœthe parmi les poètes allemands, celui dont les ballades, mises en regard de celles de Schiller, les font paraître froides et factices, nous a laissé sur ses parents une relation significative, que son ami et médecin Althof, dans sa biographie publiée en 1798, nous rapporte en ces termes : « Le père de Bürger était sans doute doué de connaissances nombreuses, vu l’étendue des études d’alors, et il était en outre un homme excellent et honnête ; mais il aimait tant une douce commodité et sa pipe de tabac, qu’au dire de mon ami, il lui fallait commencer par prendre son élan pour se décider à consacrer parfois un quart d’heure à l’instruction de son fils. Son épouse était une femme pleine des qualités d’esprit les plus extraordinaires, mais qu’on avait si peu cultivées qu’elle avait à peine appris à écrire lisiblement. Aux yeux de Bürger, sa mère, avec une instruction convenable, serait devenue le plus célèbre représentant de son sexe ; et plus d’une fois pourtant il manifesta une vive désapprobation contre différents traits de son caractère moral. Cependant il croyait avoir hérité de sa mère quelques-unes de ses aptitudes intellectuelles, et être le portrait de son père pour ce qui était du caractère moral. » — La mère de Walter Scott était poète et en relation avec les beaux esprits de son temps, à ce que nous apprend l’auteur de l’article nécrologique sur W. Scott, dans le journal anglais Le Globe du 24 septembre 1832. Des poésies d’elle ont paru en 1789 ; c’est ce qu’atteste un article intitulé Mutterwitz, d’un numéro de la publication de Brockhaus, les Feuilles de conversation littéraire (Blätter für litterarische