Page:Schopenhauer - Le Monde comme volonté et comme représentation, Burdeau, tome 3, 1909.djvu/403

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Byron enfin :

Count o’er the joys thine hours have seen,
  Count o’er thy days from anguish free,
And know, whatever thou hast been,
  ’Tis something better not to be[1].

Balthazar Gracian nous dépeint aussi la détresse de l’existence sous les couleurs les plus noires dans le Criticon, Parte I, Crisi 5, au début, et crisi 7 à la fin, où il représente la vie comme une farce tragique.

Personne cependant n’a été autant au fond du sujet et ne l’a autant épuisé que de nos jours l’a fait Leopardi. Il en est tout rempli et tout pénétré : la dérision et la misère de notre existence, voilà le tableau qu’il trace à chaque page de ses œuvres, mais pourtant avec une telle diversité de formes et de tours, avec une telle richesse d’images, que, loin de provoquer jamais l’ennui, il excite bien plutôt chaque fois l’intérêt et l’émotion.

  1. Fais le compte des joies qu’ont vues tes heures ; fais le compte des jours qui ont été libres d’angoisse ; et sache que, quoi que tu puisses avoir été, il est encore quelque chose de meilleur : c’est de ne pas être.