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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

À la vérité, il faudrait proprement, pour tirer au clair toutes ces choses, répondre tout d’abord aux questions suivantes : Peut-il y avoir désaccord complet entre le caractère et le destin d’un homme ? ou bien, somme toute, la destinée est-elle toujours conforme au caractère ? — Ou bien, enfin, une nécessité secrète, que nous ne comprenons pas, qu’on pourrait comparer au poète auteur d’un drame, travaille-t-elle toujours à ajuster l’un à l’autre de la manière qui convient ?

— Mais ici il s’en faut que les choses aient toute la clarté désirable.

Cependant nous croyons être à tout moment, maître de nos actions. Ce n’est que quand nous jetons un coup d’œil en arrière sur notre vie passée, et surtout quand nous embrassons du regard les démarches malheureuses que nous avons pu faire, avec toute la série de leurs conséquences, c’est alors que nous ne comprenons souvent pas comment nous avons pu faire ceci, négliger de faire cela ; de sorte qu’il semble qu’un pouvoir étrange ait guidé nos pas. Et alors Shakespeare dit :

Fate, show thy force; ourselves we do not owe;
What is decreed must be, and be this so!

Twelfth-night, A. I sc. 5.