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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

son commentaire sur l’Alcibiade de Platon p. 77, éd. Creuzer : ό γαρ πασαν ήμων την ζωην ιθυνων καὶ τας τε αίρεσεις ήμων αποπληρων, τας προ της γενεσεῶς, καὶ τας τῆς είμαρμενες δοσεις καὶ των μοιρηγενετων θεων, ετι δε τας εκ της προνοιας ελλαμψεις χορηγων καὶ παραμετρων, ούτος ό δαιμων εστι κ.τ.λ. Théophraste Paracelse a un sentiment très profond de la même vérité lorsqu’il s’exprime en ces termes : disons pour faire connaître ce qu’est le fatum que tout homme a un esprit qui habite en dehors de lui, et a son siège dans les étoiles supérieures. Cet esprit a les mêmes bosses[1] que son maître ; c’est par lui que viennent à ce dernier, avant ou après, les præsagia, ces præsagia qui sont où il est. Ces esprits s’appellent le « fatum. » (Theophr. Werke Strazb. 1603, in-fol. t. II, p. 36.) Notons que cette pensée se trouve déjà chez Plutarque lorsqu’il dit que, indépendamment de la partie de son âme plongée dans le corps terrestre, l’homme en a une autre, plus pure, qui reste planant au-dessus de sa tête, étant pour lui comme une étoile et nommée avec raison son démon, son Génie qui le guide, et dont l’homme

  1. Types, proéminences, bosses, de l’italien bozza, abbozzare, abbozo ; de là le mot allemand bossiren (bosseler) et le français bosse.