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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

ciel à la terre. Dans le rêve, l’objet perçu a une vérité, une perfection, une complexité cohérente qui en reproduit jusqu’aux propriétés les plus accidentelles, tout comme la réalité même dont l’imagination reste infiniment éloignée. La réalité, par suite, nous offrirait les plus merveilleux spectacles, s’il nous était donné de choisir l’objet de nos rêves. Il est tout à fait faux de vouloir expliquer cela par ce fait que les produits de l’imagination seraient troublés et affaiblis par l’impression simultanée du monde extérieur réel ; vu que dans le plus profond silence de la nuit la plus noire, l’imagination ne peut rien produire qui se rapproche un peu de l’apparence objective et corporelle du rêve. En outre, les produits de l’imagination sont toujours dominés par la loi de l’association des idées, ou par des motifs et sont accompagnés de la conscience qu’ils sont quelque chose de volontaire. Le rêve au contraire est comme quelque chose de tout à fait étranger, comme quelque chose qui, comme le monde extérieur, s’impose à nous sans notre concours, et même contre notre volonté. Ce qu’il y a en lui de tout à fait inattendu, même dans les manifestations les plus insignifiantes, lui imprime le sceau de l’objectivité et de la réalité.