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ESSAI SUR L’APPARITION DES ESPRITS

organique ; de tous les événements insignifiants ou sérieux de cette vie, il n’arrive, dis-je, au sensorium qu’un écho extrêmement faible, comme un écho perdu. Cet écho, dans l’état de veille, quand le cerveau est pleinement occupé à ses opérations propres, occupé donc à recevoir les impressions extérieures, à voir ce qu’elles lui apportent, et à penser, cet écho alors n’est pas perçu ; il a tout au plus une influence secrète et inconsciente, dont naissent ces changements d’humeur dont on ne peut rendre compte par aucune cause objective. Au moment de s’endormir cependant, lorsque les impressions extérieures cessent d’agir, et que l’excitabilité de la pensée, à l’intérieur du sensorium, disparait complètement peu à peu, ces impressions faibles qui, par une voie indirecte, s’échappent du foyer intérieur de la vie organique, et également les moindres changements s’accomplissant dans le cours de la circulation du sang, et qui se communiquent aux vaisseaux sanguins du cerveau, — tout cela devient sensible, — comme la lumière commence à paraître quand vient le crépuscule du soir, ou comme la nuit nous entendons le murmure des sources qui passe pour nous inaperçu le jour. Les impressions qui sont trop faibles