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ESSAI SUR L’APPARITION DES ESPRITS

langue ces impressions faibles qui lui arrivent de l’intérieur pendant son sommeil, tout comme s’il s’agissait des impressions fortes et bien distinctes qui lui viennent, à l’état de veille, du dehors par la voie régulière. Les premières de ces impressions aussi lui fournissent donc la matière d’images tout à fait semblables à celles qui naissent en lui par l’excitation des sens extérieurs : quoiqu’il puisse y avoir difficilement une ressemblance quelconque entre les deux sortes d’impressions qui donnent lieu à ces images. Mais l’attitude du cerveau se laisse comparer ici à celle d’un sourd qui de quelques voyelles qui lui arrivent à l’oreille se construit une phrase entière — combien différente de la vraie ; ou bien encore à celle d’un fou qu’un mot dit au hasard ramène aux sauvages imaginations correspondantes à son idée fixe. En tout cas ce sont ces faibles échos de certains faits accomplis dans l’intérieur de l’organisme qui, allant se perdre dans le cerveau, donnent lieu à ses rêves. Les rêves sont par suite aussi déterminés dans leur forme spéciale par la nature de ces impressions, puisque ce sont ces dernières qui donnent au rêve comme son thème fondamental. Oui, ces rêves, quelque divers qu’ils puissent être de ces impressions,