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ESSAI SUR L’APPARITION DES ESPRITS

Maintenant, en outre, cette sorte de rêve, dont le propre consiste en ceci que l’on rêve la réalité présente la plus immédiate, se montre parfois à nous d’une nature plus énigmatique encore par ce fait que le champ de vision du rêveur s’étend bien plus, de manière à dépasser les limites de la chambre à coucher : — les rideaux des fenêtres ou les contrevents cessent d’être des empêchements à la vue et on perçoit alors nettement ce qu’il y a derrière, la cour, le jardin, la rue avec les maisons en face. Notre étonnement de cela sera moins grand si nous considérons qu’ici ce n’est pas de la vue physique qu’il est question, mais d’un simple rêve : mais c’est un rêve de ce qui est là, de ce qui est réel, un rêve vrai ; donc une perception qui a lieu par l’organe du rêve, qui, comme tel, n’est naturellement pas lié à la condition du cours ininterrompu des rayons de lumière. La partie supérieure du crâne était, elle-même, comme nous l’avons dit, le premier mur de séparation existant, par lequel cette espèce particulière de perception restait empêchée. Que cette dernière croisse un peu plus d’intensité : et alors aussi les rideaux, les portes et les murs ne sont plus un obstacle. Comment maintenant cela est-il possible ? c’est un profond mystère. Nous savons ceci :