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ESSAI SUR L’APPARITION DES ESPRITS

qu’on nomme les rêves théorématiques, ces rêves, dis-je, sont les plus rares de tous. Au contraire, il arrive plus souvent que le patient, ayant par hasard tout à fait à cœur le contenu d’un rêve, sera en état de garder le souvenir d’un rêve de cette sorte par la raison qu’il emprunte ce souvenir au rêve du sommeil léger, dont il s’éveille immédiatement : mais cela ne peut pas se faire directement, mais seulement à la condition de transposer le contenu de ce rêve en une allégorie, sous le couvert de laquelle maintenant le rêve originaire, prophétique arrive à la conscience à l’état de veille, où il a conséquemment alors besoin d’explication, d’interprétation. Le rêve allégorique forme donc une autre sorte de rêves fatidiques plus nombreuse. Ces deux sortes de rêves ont déjà été distingués par Artémidore dans son Oneirokritikon le plus ancien des livres relatifs aux rêves ; et le même auteur a donné à la première espèce le nom de rêves théorématiques. C’est dans la possibilité, toujours existante, des faits dont nous venons de parler, et dont nous avons conscience, qu’il faut chercher la raison du penchant, qui n’est pas du tout accidentel ou artificiel, mais naturel à l’homme, de faire des conjectures sur la si-