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ESSAI SUR L’APPARITION DES ESPRITS

du cerveau) qui est, jusqu’à un certain point, mis de côté dans la clairvoyance somnambulique. Notamment comme conséquence de la doctrine kantienne de l’idéalité de l’espace et du temps, il est compréhensible que la chose en soi, donc ce qu’il y a de seul vraiment réel dans tous les phénomènes, en tant que libéré de ces deux formes de l’intelligence, ne connaît pas cette distinction du près et du loin, du présent, du passé et de l’avenir. Par suite les séparations, qui ont pour origine ces formes d’intuition, n’ont rien d’absolu, et, pour le mode de connaissance dont il s’agit ici, devenu essentiellement autre par la transformation de son organe, n’ont plus de limites infranchissables. Si, au contraire, le temps et l’espace étaient absolument réels et rentraient dans l’essence absolue des choses, les dons de voyante de la somnambule, comme en général toute faculté de voir au loin ou de prévoir, serait une merveille purement incompréhensible. D’autre part, la doctrine kantienne reçoit, jusqu’à un certain point, des constatations, dont il s’agit ici, une confirmation de fait. Si en effet, le Temps ne rentre pas dans l’essence propre des choses, le, avant, et le, après, n’ont pas de sens pour cette essence des choses : un fait quelconque peut donc