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ESSAI SUR L’APPARITION DES ESPRITS

nous comme objective et qui est due à un organe tout autre que celui qui entre en jeu à l’état ordinaire de veille, qui n’est pas due aux sens extérieurs et qui est aussi complète et aussi précise que si elle leur était due : cet organe je l’ai nommé pour cela l’organe du rêve. Ce qui, au contraire, distingue ces deux organes l’un de l’autre, c’est la diversité de leur rapport respectif avec le monde extérieur, ce monde empirique et réel que nous font percevoir les sens. Ce rapport, on le sait, dans le rêve, d’ordinaire, n’existe pas ; et même dans les rares rêves fatidiques qui se produisent, ce n’est le plus souvent qu’un rapport médiat et éloigné, très rarement un rapport direct : au contraire ce rapport, dans la perception somnambulique et la clairvoyance tout comme dans la noctambulation, est un rapport immédiat tout à fait exact ; dans la vision et les apparitions d’esprit (s’il en existe) c’est un rapport problématique. — La vision des objets dans le rêve, on le sait, est reconnue illusoire, donc proprement comme une vision purement subjective, tout comme la vision imaginative. Mais cette même sorte de vision devient, dans l’état de somnolence éveillée et dans le somnambulisme, une vision tout à fait objective et juste. Même dans