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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

revoir, à cheval et parcourant la même route en sens opposé, l’amante dont il se séparait alors avec un tel déchirement de cœur. Cette vision écartait donc pour lui, pour un moment, le voile de l’avenir, pour lui annoncer, au milieu de son chagrin, le retour futur. — Les apparitions de cette sorte ne sont plus maintenant de simples hallucinations, mais des visions : puisqu’elles représentent quelque chose de réel, ou se rapportent à des événements futurs, des événements réels. Elles sont, par suite, à l’état de veille, ce que sont, dans le sommeil, les rêves fatidiques qui, comme nous l’avons dit, le plus souvent ont trait au propre état de santé de celui qui rêve, surtout quand cet état de santé laisse à désirer ; — tandis que les simples hallucinations correspondent aux rêves ordinaires, sans signification.

L’origine de ces visions pleines de sens doit être cherchée dans ce fait, que ce mystérieux pouvoir de connaître que nous portons en nous, que ne limitent pas les rapports de temps et d’espace et auquel, dans cette mesure, rien n’est caché, mais qui ne se rencontre pas dans la conscience ordinaire ; ce pouvoir de connaître, voilé pour nous et qui cependant rejette son voile dans le sommeil magnétique, — ce pouvoir, dis-je, a perçu