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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

duisent non pas par l’action du dehors sur les sens, mais par le moyen d’une action magique de la volonté de celui dont elles viennent sur l’autre, donc sur l’être en soi d’un organisme étranger, affecté par là d’un changement dont la cause est tout intérieure, et qui, agissant alors sur son cerveau, y éveille l’image de celui qui agit, avec la même vivacité que pourrait le faire une action résultant des rayons de lumière projetés par son corps sur les yeux de l’autre.

Justement ces doubles, dont nous nous occupons ici, qui se produisent dans les cas où la personne qui apparaît est notoirement en vie mais est absente, même d’ordinaire ne sait rien de son apparition, ces doubles nous donnent justement le vrai point de vue d’où il faut considérer l’apparition des mourants et des défunts, donc les apparitions d’esprits proprement dites. Par eux nous voyons, en effet, qu’une présence réelle immédiate, comme celle d’un corps agissant sur les sens, n’est nullement la condition nécessaire de telles apparitions. C’est cette condition qui constitue le vice fondamental de toutes les façons dont anciennement on concevait les apparitions d’esprits, que ces façons de les concevoir aboutissent à la négation ou à