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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

stitue l’essence de la matière, comment donc cette apparition avec toutes ses formes n’est que le produit des fonctions du cerveau, alors que cette apparition a été une fois provoquée par une excitation des nerfs, des organes des sens ; de sorte qu’il ne reste plus que la question de la chose en soi. — La réalité matérielle des corps agissant du dehors sur nos sens n’est, il est vrai, pas plus celle des apparitions d’esprits que celle du rêve par l’organe duquel nous avons ces apparitions. Par suite on peut toujours nommer ces apparitions un rêve éveillé (A waking dream, insomnium sine somno ; comp. Sonntag, Sicilimentorum academicorum Fasciculus de spectris et ominibus morientium, Altdorfii, 1716, p. 11). Seulement, au fond, elles ne perdent pas, pour cela, leur réalité. Du reste elles sont, comme le rêve, de simples représentations et, comme telles, n’existent que dans la conscience qui connait : mais on peut dire la même chose de notre monde réel extérieur. Ce monde ne nous est donné, tout d’abord et immédiatement, que comme représentation et n’est, comme nous avons dit, qu’un simple phénomène cérébral provoqué par l’excitation nerveuse, et organisé d’après les lois qui président aux fonctions subjec-