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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

la Voyante de Prévorst (Tome I, p. 12) : « Si les esprits ne peuvent se faire voir que sous cette forme, ou si mon œil ne peut les voir que sous cette forme ; si mes sens ne peuvent les sentir qu’ainsi ; s’ils ne seraient pas pour un œil plus spirituel plus spirituels : ceci je ne saurais l’affirmer avec précision, mais j’en ai le pressentiment. » N’est-ce pas là quelque chose de tout à fait analogue à la doctrine de Kant : « Ce que les choses en soi peuvent être, nous ne le savons pas : nous ne connaissons que leurs manifestations. »

Toute la démonologie et la science des esprits de l’antiquité et du moyen âge, de même qu’aussi leur façon d’envisager la magie, qui en découle, ont pour base le Réalisme existant, encore inattaqué, et que Descartes a fini par ébranler. Ce n’est que l’idéalisme, tardivement mûri, de l’époque récente, qui nous a conduits, au point de vue d’où nous pouvons porter un jugement exact sur toutes ces choses, donc sur les visions et les apparitions d’esprits. Mais en même temps, d’autre part, d’une manière toute empirique, le magnétisme animal traînait à la lumière du grand jour la Magie, à toutes les époques, auparavant, recherchant l’obscurité pour s’y blottir définitivement, et faisait de ces appari-