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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

in distans, les faits de Magie avec cette faculté d’agir in distans. Et c’est ce qui fait que, quand on parle de faits semblables, non seulement on dit : « Ce n’est pas vrai », mais « ce n’est pas possible » (a non posse ad non esse). Et cependant d’autre part on réplique « Mais cela est » (ab esse ad posse). Cette opposition repose maintenant sur ce fait (et c’est une preuve de ce fait en même temps) que ces lois, qui nous sont connues a priori, ne sont pas du tout des lois absolues, les veritates æternæ des scholastiques ; ne sont pas une propriété de la chose en soi, mais qu’elles proviennent simplement des formes de la sensibilité et de l’entendement, que ce sont conséquemment des fonctions du cerveau. L’intellect, lui-même, qui consiste en ces formes, n’est apparu que pour poursuivre et atteindre les buts qui s’imposent aux manifestations de volonté que sont les individus, nullement pour comprendre la nature absolue de la chose en soi. C’est pour cela que, comme je l’ai expliqué dans mon livre (Welt als W. und V., t. II, pp. 177, 273, 285–289, 3e édit. p. 195, 309, 322–326), l’intellect n’est qu’une force superficielle, qui ne touche essentiellement et partout que l’écorce, jamais l’intérieur des choses. Que celui qui veut bien comprendre