Page:Schopenhauer - Mémoires sur les sciences occultes.djvu/319

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
284
MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

et l’examiner de près, on se rend compte cependant qu’elle présente de grandes difficultés, que je veux d’un mot indiquer ici. — Nous avons à nous représenter cette essence intime de l’homme, restée intacte dans la mort, comme quelque chose qui existe en dehors du temps et de l’espace. L’action de cette essence sur des vivants comme nous ne peut donc se produire que sous des conditions très nombreuses qui, toutes, devraient être de notre fait ; de telle sorte qu’il serait difficile de dire quelle part en tout cela reviendrait réellement au mort. Une action de cette nature aurait non seulement tout d’abord à s’engager dans les formes intuitives du sujet qui la perçoit, donc à se présenter comme quelque chose d’étendu, de durable, comme quelque chose qui agit matériellement d’après les lois de la causalité ; mais elle devrait aussi encore passer par le réseau des concepts de son intellect, puisque ce sujet ne saurait pas sans cela ce qu’il a à faire en conséquence et que le spectre, de son côté, ne veut pas seulement être vu, mais veut aussi être compris dans ses vues et les actes qu’il fait en conséquence. Le spectre aurait donc, pour cela, à s’accommoder encore et s’attacher aux vues étroites et aux préjugés du sujet en ce qui con-