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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

De très remarquables indications de cette nature nous ont été données par Jeanne Leade, une élève de Pordage, une anglaise mystique, théosophe et visionnaire du temps de Cromwell. Elle arrive à la magie par une voie tout à fait propre. Le trait caractéristique de tous les mystiques c’est que pour eux il y a union de leur propre moi avec le Dieu de leur religion : ainsi pense Jeanne Leade. Et maintenant, pour elle, par une conséquence toute naturelle de cette unification de la volonté humaine et de la volonté divine, la première en vient à participer à la toute-puissance de la seconde, à acquérir ainsi un pouvoir magique. Ce que d’autres magiciens attribuent au pacte avec le diable, notre mystique l’attribue donc à son union avec Dieu : sa magie est, au sens éminent du mot, une magie blanche. Du reste, comme résultat et au point de vue pratique, c’est tout comme. Son langage est très réservé et plein de sous-entendus, comme il le fallait à cette époque : on voit bien cependant que, pour elle, la chose n’est pas le corollaire d’une théorie, mais qu’elle procède de connaissances d’une autre sorte, d’expériences. On trouvera le passage principal dans sa « Offenbarung der Offen-