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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

Pour confirmer, ou tout au moins expliquer l’opinion exposée ci-dessus, d’après laquelle la volonté est le véritable agent de la magie, je veux citer ici une curieuse et rare anecdote que Campanella, de sensu rerum et magiâ, livre IV, c. 18, raconte d’après Avicenne. « Quelques femmes convinrent de se rendre dans un verger en partie de plaisir. L’une d’elles manqua au rendez-vous. Les autres, toutes ensemble, prirent une orange et la percèrent d’épingles sans nombre disant : ainsi nous faisons à une telle qui n’a pas voulu venir avec nous ; et elles s’en retournèrent ayant jeté l’orange dans la fontaine. Elles trouvèrent alors la susdite femme, se plaignant d’être comme si on lui avait planté des clous aigus dans tout le corps ; et cela juste depuis le moment où les autres femmes avaient percé l’orange d’épingles. Sa douleur persista jusqu’à ce que les femmes eussent retiré les épingles de l’orange en faisant pour la malade toutes sortes de bons souhaits. »

Une description, remarquable par sa précision, de la sorcellerie homicide qu’exercent les prêtres des sauvages des îles Noukahiva, semble-t-il avec succès, et dont les procédés sont tout à fait analogues à nos cures sym-