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Page:Schopenhauer - Philosophie et philosophes (éd. Alcan), 1907.djvu/52

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Il est en conséquence facile de comprendre que, dans ces conditions, la philosophie universitaire ne peut s’empêcher de procéder :

Comme un de ces grillons à longues pattes
Qui toujours vole, et en volant fait des sauts,
Et chante aussitôt dans l’herbe sa vieille petite chanson.

« Wie eine der langbeinigen Cikaden,
Die immer fliegt und fliegend springt
Und gleich im Gras ihr altes Liedchen singt. » Goethe Le côté grave de la question est simplement cette possibilité, avec laquelle il faut compter : c’est que l’ultime pénétration dans la nature des choses, dans sa propre essence et dans celle du monde, accessible à l’homme, ne s’accorde pas directement avec les doctrines révélées en partie à l’ancien petit peuple juif, nées en partie à Jérusalem il y a dix-huit cents ans. Pour en finir d’un coup avec cette crainte, le professeur de philosophie Hegel trouva l’expression : « religion absolue », à l’aide de laquelle il atteignit son but. Il connaissait son public. Et cette religion est en réalité, pour la philosophie universitaire, véritablement absolue, c’est-à-dire une religion qui doit de toute nécessité être absolue et absolument vraie ; sans quoi… !  ! D’autres, parmi ces chercheurs de vérité, amalgament la philosophie et la religion en un centaure qu’ils nomment philosophie de la religion ; ils enseignent aussi d’habitude que la religion et la philosophie sont une seule et même chose : affirmation qui ne paraît vraie que dans le sens où François Ier disait d’une façon très conciliante au sujet de Charles Quint, d’après ce qu’on raconte : « Ce que mon