son but prétendu, comme on l’a fait ici, mais de son but véritable. Celui-ci tend à inculquer aux futurs référendaires, avocats, médecins, pasteurs et instituteurs, et au plus profond de leurs convictions, la direction de ce rapport avec les vues que l’État et son gouvernement nourrissent sur eux. Contre cela, je n’ai rien à objecter, et j’acquiesce à cette manière de voir. Je ne me sens pas en effet compétent pour juger de la nécessité ou de l’inutilité d’un semblable moyen de gouvernement ; je m’en remets donc à ceux qui ont la lourde tâche de gouverner les hommes, c’est-à-dire de maintenir la loi, l’ordre, la tranquillité et la paix parmi les nombreux millions d’êtres d’une race qui est, dans sa grande majorité, démesurément égoïste, injuste, déraisonnable, déshonnête, envieuse, méchante, de plus très bornée et extravagante, et de protéger le petit nombre de ceux qui possèdent quoi que ce soit, contre le grand nombre de ceux qui ne possèdent rien d’autre que leur force physique. Cette tâche est si lourde que je ne me hasarderai vraiment pas à discuter avec eux les moyens à employer. « Je remercie Dieu chaque matin de n’avoir pas à me préoccuper de l’Empire romain », telle a toujours été ma maxime. Mais c’est à ces fins gouvernementales de la philosophie universitaire que l’hégélianisme a dû la faveur ministérielle sans exemple dont il a joui. Pour lui, en effet, l’État était « l’organisme éthique absolument parfait », et il faisait s’absorber dans l’État la raison entière de l’existence humaine. Pouvait-il y avoir pour les futurs référendaires, et par conséquent pour les employés
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