Aller au contenu

Page:Schopenhauer - Philosophie et philosophes (éd. Alcan), 1907.djvu/89

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

départi par la nature a de nombreuses généra-tions, quand elle réussit a créer un cerveau comme celui de Kant. Avec la véritable philoso-phie, pratiquée par des âmes libres uniquement pour elle-meme, et n’ayant d’autre appui que celui de ses arguments, un pareil abus n’aurait jamais pu se produire. La philosophie universi-taire seule, qui par sa nature meme est un moyen d’État — raison pour laquelle celui-ci s’est melé (le tout temps aux luttes philosophiques des Uni-versités et a pris parti — a pu faire naître réalistes et nominalistes, aristotéliciens et ramistes, carté-siens et aristotéliciens, Christian Wolf, Kant, Fichte, Hegel, ou tout autre.

Au nombre des préjudices que la philosophie universitaire a causés a la philosophie véritable, il faut mentionner tout particulierement la mise a l’écart de la philosophie kantienne par les fanfa-ronnades des trois sophistes tant prônés. D’abord Fichte, puis Schelling, qui n’étaient d’ailleurs pas sans talent, enfin le lourd et répugnant char-latan Hegel, cet etre pernicieux qui a complete-ment désorganisé et gâté les tetes de toute une génération, furent célébrés comme les hommes qui avaient conduit plus loin la philosophie de Kant, l’avaient dépassée, et, sautant en quelque sorte par-dessus son dos, avaient atteint, en meme temps, un degré plus élevé de la connais-sance et de l’examen, du haut duquel ils considé-raient a présent presque avec