matériels, dont font partie aussi les intérêts politiques, que nous avons sous les yeux. C’est ce qui explique comment le siècle où Kant philosophait, où Goethe faisait ses vers, Mozart sa musique, a pu être suivi de celui-ci, le siècle des poètes politiques, des philosophes plus politiques encore, des littérateurs affamés vivant du mensonge de la littérature, et des écrivailleurs de toute espèce corrompant la langue de gaieté de ceeur. Il se nomme, par un mot de sa propre fabrication, d’une façon aussi caractéristique qu’euphonique, le « temps présent » (Jetztzeit). Oui, le « temps présent » c’est-à-dire qu’on ne songe qu’au « présent » et qu’on n’ose pas jeter un regard sur le temps qui vient et qui juge. Je voudrais pouvoir montrer à ce « temps présent », dans un miroir magique, comment il apparaîtra aux yeux de la postérité. En attendant, ce passé que nous venons de louer, il le nomme le « temps des perruques ». Mais, sous ces perruques, il y avait (les têtes. Aujourd’hui, au contraire, en même temps que la tige, le fruit aussi semble avoir disparu.
Les partisans de Hegel ont donc complètement raison quand ils affirment que l’influence (le, leur maître sur ses contemporains a été énorme. Avoir paralysé totalement l’esprit de toute une génération de lettrés, avoir rendu celleci incapable de toute pensée, l’avoir menée jusqu’à lui faire prendre pour de la philosophie le jeu le plus pervers et le plus déplacé à l’aide de mots et d’idées, ou le verbiage le plus vide sur les thèmes traditionnels de la philosophie, avec des affirmations sans fondement ou absolument dépourvues de sens, ou encore des propositions reposant sur des contradictions — c’est en cela qu’a consisté l’influence tant vantée de Hegel. Si l’on compare les manuels des hégéliens, tels qu’ils