Aller au contenu

Page:Schopenhauer - Sur la religion, 1906.djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

simple que cela. En tout cas, le principe mythique posé par Strauss pour l’explication de l’histoire évangélique, ou tout au moins pour ses détails, reste le vrai ; et il sera difficile de le détruire, quelle que soit sa portée.

Quant à son application au mythe, il est nécessaire de la démontrer par des exemples plus rapprochés et moins scabreux. Ainsi, dans tout le moyen âge, en rance comme en Angleterre, le roi Arthur est un personnage bien déterminé, héroïque, merveilleux, qui apparaît toujours avec le même caractère et le même cortège ; il constitue, avec sa Table Ronde, ses chevaliers, ses exploits inouïs, son étonnant sénéchal, son épouse infidèle, Lancelot du Lac, etc., le thème constant des poètes et des romanciers d’une longue suite de siècles, qui tous font passer sous nos yeux les mêmes personnes avec les mêmes caractères ; ces poètes et ces romanciers s’accordent assez bien aussi dans les détails, mais ils diffèrent fortement les uns des autres en ce qui concerne le costume et les mœurs, et cela suivant l’époque de chacun. Or, il y a quelques années, le ministère de l’instruction publique de France a envoyé en Angleterre M. de la Villemarqué, pour rechercher l’origine des mythes relatifs à ce roi Arthur. Il s’est trouvé, à la base de cette histoire, qu’au commencement du vie siècle avait vécu dans le comté de Galles un petit chef nommé Arthur, qui avait lutté infatigablement contre les envahisseurs saxons, mais dont les exploits insignifiants sont pourtant oubliés. C’est donc lui qui est devenu, on ne saura jamais pourquoi, le personnage que tant de siècles ont célébré en un nombre incalculable de chansons et de romans. (Voir les Contes populaires des anciens Bretons, avec un Essai sur l’origine