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Page:Schopenhauer - Sur la religion, 1906.djvu/167

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On pourrait très bien faire cette distinction entre la métempsycose et la palingénésie : la première est le passage dans un autre corps de tout ce qu’on appelle l’âme, et la seconde consiste dans la décomposition et la reformation de l’individu, sa volonté seule persistant, et, sous la forme d’un nouvel être, recevant un nouvel intellect. L’individu se décompose donc comme un sel neutre, dont la base se combine ensuite avec un autre acide en un nouveau sel. La différence entre la métempsycose et la palingénésie, qu’accepte Servius, le commentateur de Virgile, et qui est brièvement indiquée dans Wernsdorff, Dissertatio de metempsycosi, p. 48, est manifestement fausse et non avenue.

Du Manual of Buddhism de Spence Hardy (pp. 394-396, à rapprocher des pp. 429, 440 et 445), du Burmese Empire de Sangermano (p. 6), et des Asiatic Researches (t. VI, p. 179, et t. IX, p. 256), il résulte que, dans le bouddhisme, il y a, au sujet de la continuation après la mort, une doctrine exotérique et une doctrine ésotérique. La première est la métempsycose, comme dans le brahmanisme. Mais la seconde est une palingénésie beaucoup plus difficile à comprendre, qui est en grand accord avec ma doctrine de l’existence métaphysique de la volonté, de la nature purement physique de l’intellect, et de la caducité qui en est la conséquence. Παλιγγενεσία apparaît déjà dans le Nouveau Testament.

Mais si, pour pénétrer plus à fond dans le mystère de la palingénésie, nous appelons à notre secours ici encore le chapitre xliii des additions au Monde comme volonté et comme représentation, la chose, examinée de plus près, nous semblera consister en ceci : dans tout le cours du temps, le sexe mâle a été le dépositaire