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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/197

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


toires si je n’avais connu la L… Vous devriez faire sa connaissance ; elle est très intéressante, un phénomène en son genre. Elle connaît toutes les entremetteuses de Budapest et a des relations avec toutes les prostituées. Grâce à elle vous pourriez apprendre des choses que la plupart des femmes ignorent habituellement. »

Je dois vous faire remarquer que j’avais parlé à Mme de R… du livre du marquis de Sade et que je lui avais montré les images. Elle n’avait jamais vu ces images, mais elle me dit que Mme de L… devait les connaître. Elle avait vu Mme de L… les exécuter en pratique.

« Que risquez-vous à voir ces choses ? poursuivit-elle. Personne ne le saura. Je dois vous dire qu’Anna (c’est le nom de Mme de L…) est la discrétion en personne. On jouit légèrement en assistant à ces spectacles. Ils vous permettent de connaître les hommes dans leur déshabillé moral. Combien des plus grandes dames de Budapest se livrent à des excès pires que des prostituées, et personne ne les soupçonne. Anna les connaît toutes ; elles les a toutes vues quand elles se croyaient à l’abri de la curiosité, et non pas avec un homme, mais avec une demi-douzaine. »

Mme de R… aiguillonnait ma curiosité. Les scènes de Justine et de Juliette me faisaient horreur. Je n’aurais jamais voulu assister à certaines des scènes monstrueuses décrites dans ces volumes. Mais il y avait pourtant certaines choses que j’aurais pu supporter.