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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/212

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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


ne dépend pas de M. de F… de la libérer ou non, bien qu’il soit très influent. Pourtant, je veux essayer de lui en parler.

— Ne lui dites pas mon nom. Il pourrait soupçonner quelque chose.

— Soyez sans crainte, mon offre ne l’étonnera pas du tout. Il y a assez de dames en ville qui font comme les hommes et qui ont des amants des deux sexes. Je lui dirai que c’est pour moi. Non, il ne voudrait pas. Je dirai que c’est une étrangère qui cherche une fille se laissant volontairement tourmenter et que je n’en connais pas d’autre que Rose. Pourtant vous ne devrez pas l’avoir chez vous les premiers jours. Ensuite je dirai que la dame a quitté Budapest et que, par humanité, je vous ai recommandé Rose comme femme de chambre.

— Mais le croira-t-il ?

— Et pourquoi pas ? J’ai une bonne langue. Avant tout, il faut beaucoup d’argent pour le corrompre.

— Combien ? demandai-je effrayée, car Nina m’avait mise en garde contre son avidité. — Combien pensez-vous ?

— Hou, peut-être cent florins, peut-être plus, je ne sais pas.

— Je ne voudrais pas y consacrer plus de cent florins, déclarai-je. Si elle m’avait demandé le double ou le triple, je les lui aurais donnés.

— Bon. Donnez-moi tout de suite cent florins. S’il consent à ce prix, la fille sera demain chez vous ; sinon, je vous rends votre argent. Je vais tout de

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