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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/237

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


en nymphe. Son corps était assez bien fait, mais pas aussi beau que le mien. Une autre dame entourait d’un bras les hanches de Ferry. Elle ne portait qu’une ceinture d’or, des diamants et un diadème dans ses cheveux noir de corbeau ; elle représentait Vénus. Elle tenait la main de Ferry dans la sienne, et la main de Ferry était ornée de belles bagues où brillaient des diamants d’une grosseur inhabituelle et de la plus belle eau. Je n’en avais jamais vu d’aussi gros ni surtout lançant de si beaux feux. Ferry, d’autre part, ne portait que des sandales rouge sang. Ni l’Apollon du Belvédère, ni Antinoüs n’étaient aussi proportionnés et aussi beaux que lui. Son corps était d’un blanc éblouissant, avec des ombres rosâtres aux contours.

À sa vue, je me mis à trembler, je le mangeai des yeux, et je m’arrêtai involontairement devant eux. Vénus avait un très beau corps, très blanc, mais ses seins n’étaient pas parfaits. En somme, c’était une femme un peu fanée ; on voyait qu’elle servait assidûment la déesse qu’elle représentait.

Les yeux de Ferry s’arrêtèrent sur moi ; il sourit légèrement et dit : « Tiens, c’est la meilleure méthode pour prendre l’initiative. » Il s’inclina devant ses dames et vint vers moi. Il me souffla mon nom à l’oreille. Je rougis sous mon masque.

L’orchestre attaqua une valse. Il était caché, un grand paravent le séparait de la bacchanale. Ferry me prit par la taille et nous nous mêlâmes au tourbillon des couples. L’attouchement multiplié de tous ces corps brûlants et brillants d’hommes et de