eut assez de sang-froid pour me soutenir, si bien que
personne ne s’aperçut de mon étourdissement.
Et cette fois il ne cessa pas encore de me donner des preuves de son amour et de sa gaîté. Les assistants applaudissaient ; ils délirèrent quand ils le virent pour la troisième fois se remettre à danser un cavalier seul en tenant ma houlette. Ils criaient : « Toutes les bonnes choses sont trois. » La danse dura un bon quart d’heure et ils nous entouraient toujours. Des paris se faisaient. Ferry était infatigable, mais la crise arriva enfin et il tomba épuisé à mes pieds, où il resta haletant, les yeux fermés, comme mourant. Je n’étais plus debout, sur mes pieds, plusieurs pensionnaires de la maison me soutenaient. De tous côtés, sous mes pieds, à gauche, à droite, je ne sentais que des soutiens. Les dames me couvraient de baisers, elles m’éventaient et essuyaient mon visage, et Ferry, qui s’était remis, debout derrière moi, me serrait dans ses bras.
Enfin, on nous laissa tranquilles. Ferry m’étreignit une dernière fois ; puis il m’offrit le bras pour m’emmener dans une autre chambre. « Sur le trône ! sur le trône ! » crièrent plusieurs voix. On avait dressé, au bout de la salle, une espèce de tribune, avec une ottomane recouverte de velours rouge, d’épais rideaux et un baldaquin de pourpre. C’est là que l’on voulait nous mener en triomphe, pour nous témoigner que nous avions gagné la première place dans cette fête. Ferry déclina, en mon nom, tant d’honneur. Il dit qu’il préférait, si on voulait bien