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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/255

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


convaincue. Je vis tout cela le cœur gros, car bien que la jalousie ne fût pas mon défaut, je trouvais que c’était dommage et que Rose aurait été plus à moi si elle ne connaissait aucun homme et qu’en somme c’était la vraie raison de mon amour pour elle.

Cependant tout se passa le plus agréablement du monde, et depuis cette nuit je ne comprends plus du tout la jalousie des femmes. Il me semble que c’est beaucoup plus raisonnable et beaucoup plus naturel que ces choses ne se passent pas comme elles se passent dans les pays civilisés. La jouissance est augmentée par la présence d’une troisième personne. La volupté n’a pas seulement pour but la perpétuation de l’espèce ; le but de la nature est aussi la volupté, ceci est ma conviction.

Dès le lendemain, Ferry me rappela de tenir ma promesse. Il me garantit que personne ne le saurait. Je devais l’accompagner en voyage.

C’était au printemps, le temps était magnifique. Il me dit que nous quitterions le lendemain Budapest. Il passa toute cette journée avec moi, il avait déjà fait ses visites d’adieu, on pensait qu’il avait quitté Budapest depuis trois jours.

J’avais un congé d’un mois. Je voulais aller à Presbourg, à Prague, revenir par Vienne où je devais donner quelques représentations, je pensais être de retour en juillet.

Nous quittâmes Budapest un dimanche, à deux heures de la nuit. Nous évitions de prendre le chemin