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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/80

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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


Le souvenir de ces choses admirables l’échauffait, et comme j’étais étendue dans la moelleuse chaleur du lit, je sentais que ces images la mettaient tout en feu !

En effet, la situation de ces personnes n’était pas ordinaire. Malgré leur grande intimité, une méfiance réciproque, et malgré les jouissances communes, tromperies et dissimulations ! Ainsi que je vous l’ai déjà dit, mon imagination se délecte à de tels tableaux ; ma raison me déconseille de les imiter. De tels raffinements sont suivis de grandes fatigues, et il y a toujours des ennuis quand un secret est détenu par plus de deux personnes. Comme le jeune comte pouvait assouvir tous ses caprices, il se fatigua bientôt de cette liaison. Il se refroidit, probablement fatigué par les exigences des deux femmes. En un mot, il quitta précipitamment Genève après un froid adieu. La baronne tâchait de se séparer de Marguerite et elle en trouva bientôt l’occasion. Marguerite avait reçu plus de trois mille francs du comte et de la baronne. Malheureusement, elle avait remis cet argent entre les mains de son tuteur. Elle alla vivre chez une amie qui était été gouvernante. Elle prenait des leçons, car elle avait l’intention d’aller comme gouvernante en Russie, ainsi que beaucoup de Suissesses. Le changement de sa situation était pourtant trop brusque. Elle ne se sentait pas heureuse dans la maison de son amie. Ses études l’ennuyaient. Chez la baronne, elle avait tout eu pour être heureuse. Elle avait même eu l’occasion de goûter beaucoup plus