V
PHILOSOPHIE DE L’AMOUR PHYSIQUE
Peu de jeunes filles ont appris en si peu de temps
et surtout avec si peu de risques tout ce qui concerne
l’instant le plus important de la vie de la femme,
ainsi que je venais de l’apprendre par hasard et
grâce à l’histoire de Marguerite. Jusque-là je n’en
savais pas plus long — et probablement pas moins —
que la plupart des jeunes filles de mon âge, bien que
mon tempérament fût plus sensuel qu’il ne l’est,
habituellement, chez les jeunes filles et chez les
jeunes femmes. Les hommes se trompent. Ils pensent
que le sexe féminin est naturellement aussi sensuel
que le leur. Ils jugent les femmes faciles et ils jugent
mal. Les maris le savent bien, eux qui se plaignent
sans cesse. Moi non plus je ne voulais pas y croire.
Je pensais que tout est pruderie et dissimulation,
quand je trouvais froideur, indifférence et dégoût
même pour ces choses qui m’excitaient. Vous allez
me demander pourquoi tant de jeunes filles se laissent
séduire si rien chez elles ne les pousse au-devant
du désir de l’homme et si leur sexe et leurs voluptés