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pas que la femme l’indiffère complètement, qu’il ne souhaite en somme ni sa compagnie, ni son corps, qu’il l’aime en égoïste pour la torturer de loin, pour essayer sur elle les crimes échappant à la Cour d’Assises.

Au début de la crise, il a, peut-être, vraiment aimé. Et puis, trompé, archi-trompé, il s’amoindrit. Ce grand serin de Musset s’écriait : « Rien ne nous rend si grands qu’une grande douleur !» Rien ne nous rend si lâches, si mesquins, oui !

L’artiste qui connaît — au moins de nom — les amants de sa maîtresse (elle-même lui en parle sans cesse pour l’enrager) devient forcément dilettante de ses cocuages, il les narre, les étale partout, d’abord pour ne pas paraître idiot, pour ne pas sembler les ignorer, ensuite par habitude, par dépit, enfin par jeu.

Il tient de l’humoriste et du snob, mais il demeure sincère ; brutal, cynique, mais sincère.

Non Iago bêtement perfide, mais Othello maniant la plume au lieu du glaive. Et, ne l’oublions pas, Othello risquant sa vie puisqu’il va au devant de l’arme de la dame à