Page:Schwaeblé - L’amour à passions, 1913.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 16 —


ou l’autre la petite secousse qu’elle le jetait impitoyablement à la porte. Ni prières, ni pleurs, ni lettres ne pouvaient lui arracher une seconde nuit de plaisir. Tous les jours du nouveau, quand ce n’était pas deux fois par jour.

Plusieurs, déjà, s’étaient suicidés, ne pouvant plus se passer de ces caresses auxquelles, pourtant, ils avaient eu à peine le temps de goûter, de la douceur de cette peau effleurée, de la perversité de ces baisers brûlants, de l’odeur de cette chair enivrante, de la finesse de ces longs cheveux soyeux, de la morsure de ces dents si blanches.

Hélène, assurément, était une femme divine, divine et terrestre : si ses lignes n’avaient pas la sveltesse diaphane des primitifs, la froide distinction des antiques, elles avaient des courbes d’une exquise harmonie qu’aucun homme ne pouvait contempler sans émoi, à cause du paradoxal mélange qu’elles présentaient de sensualité dans les mollets ronds, la croupe large, et d’affinité de race dans les attaches et les mains.

Tout en elle affectait ce bizarre assemblage d’aristocrate et de campagnarde, ici les mains très blanches, aux longs doigts fuselés, terminés par de roses coquillages