Est-ce bien Shatan qui hante les cloîtres ?
Ces convulsions, ces phénomènes de lévitation ne dérivent-ils pas, plutôt, d’un régime destiné à détraquer les esprits, à les empêcher de voir, de juger ? Quelquefois, la dose est trop forte, et, alors, dame, c’est la crise de mysticisme ! Cela est si vrai que dans les Communautés, plus les règles sont douces, moins ces phénomènes sont fréquents.
… Il est dangereux d’anémier un cerveau. Un cerveau anémié n’a plus de volonté, il erre au hasard, il va de Shatan à Dieu, de Dieu à Shatan.
Voyez la crise mystique du Moyen-Age, le peuple ne sait plus ce qu’il fait, il confond Shatan et Dieu, il invoque tantôt l’un, tantôt l’autre — quand il ne les invoque pas tous deux à la fois.
Tous les Shatanistes ne sont pas des mécontents, des jaloux ; beaucoup sont des mystiques qui ne savent pas, qui n’ont pas su s’arrêter. Vous les étonneriez beaucoup en les traitant de Shatanistes.
Pourtant, ils le sont…
Et sont-ils bien coupables ?
En vérité, n’y a-t-il pas un peu de la faute de l’intransigeance du plus divin, du plus magnifique Enseignement, malheureusement borné par quelques-uns pour le besoin de leur cause ?
15 janvier 1912 Monastère de Dardat (Corrèze) |