Page:Schweitzer - J. S. Bach, le musicien-poète.djvu/219

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notamment, trouvant, sans doute, que Bach péchait en écrivant d’une façon aussi inutilement compliquée, se fit un devoir de simplifier autant que possible et d’élaguer les œuvres du maître. Voici, par exemple, la forme qu’il adopte pour la célèbre fugue en ré majeur :



Les éditions faciles étaient donc d’usage dès cette époque.

Mais ce qui est plus étonnant encore, c’est qu’un musicien comme Forkel, qui avait connu les fils de Bach et les avait entendus jouer, ait pu croire que des simplifications de ce genre étaient l’œuvre du maître lui-même et représentaient la dernière forme qu’il avait donnée à son œuvre ! Il a même copié une série de préludes et de fugues dans cette forme prétendue authentique. Par exemple, il nous a transmis le prélude en do dans un raccourcissement qui fait pitié à voir : ce n’est plus qu’un squelette à peine recouvert de lambeaux de chair.

A vrai dire, c’est à tort que nous parlons d’une seconde partie du Clavecin bien tempéré ; car lorsque, entre 1740 et 1744, Bach réunit encore vingt quatre préludes et vingt quatre fugues dans l’ordre de la gamme chromatique, il les intitula tout simplement « Vingt quatre nouveaux préludes et fugues ». Mais il est évident, qu’en réalité, ce recueil fait suite à la première partie du Clavecin bien tempéré. Il y a peut-être plus d’« art » dans ces nouvelles compositions, mais moins de fraîcheur que dans celles du premier recueil. Parfois, l’on sent déjà cette tendance à l’abstrait, qui ira croissante au cours des dix dernières années de la vie du maître.

Toutefois, dans le nombre, se trouvent aussi des œuvres de jeunesse. Avec l’année 1740, en effet, s’achève le grand travail des cantates. Bach entreprend de revoir et de