Page:Schwob - Cœur double, Ollendorff, 1891.djvu/290

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Fleur de Cinq-pierres


Petite, maigrelette, le nez à l’air, un peu sur le flanc, les cheveux couleur salade de cave, elle semblait avoir poussé entre deux pavés, dans une cour humide. Mais sa bouche était sanguine, ses yeux brûlaient d’une lumière noire, sa gorge se dressait comme un jeune bourgeon, tandis que la paume de ses mains, par une étrange maladie des fleurs de ville, était plaquée de rose. Elle était un rire perpétuel, un « démon, » un « singe méchant » ; sa voix devenait d’un instant à l’autre narquoise ou pitoyable ; subitement, pour un rien, le globe sombre de ses prunelles se couvrait d’un voile de larmes. On lui disait : « Petite imbécile, vilaine mauvaise, » et les coins de ses lèvres remontaient, le trait de la bouche s’arquait, le regard encore mouillé tremblait d’un