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Page:Schwob - Cœur double, Ollendorff, 1891.djvu/86

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Arachné fouille sans cesse de ses lèvres pointues. Dans mon cauchemar je vois penchés vers moi des ventres constellés d’yeux et je fuis devant des pattes rugueuses chargés de filets.

Maintenant je sens distinctement les deux genoux d’Arachné qui glissent sur mes côtes, et le glouglou de mon sang qui monte vers sa bouche. Mon cœur va bientôt être desséché ; alors il restera emmailloté dans sa prison de fils blancs, — et moi je fuirai à travers le Royaume des Araignées vers le treillis éblouissant des étoiles. Par la corde de soie que m’a lancée Arachné, je m’échapperai ainsi avec elle, — et je vous laisserai — pauvres fous — un cadavre blême avec une touffe de cheveux blonds que le vent du matin fera frissonner.