Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/138

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une étoile morte, éteinte pour toujours. Il voulait, comme Dieu seul, allumer une étoile et la faire vivre, se réjouir de sa lumière, l’admirer et la voir monter dans l’air, loin des ténèbres de la forêt, qui cache les étoiles, loin des profondeurs de l’Océan, qui les noie. D’autres enfants pouvaient recueillir les étoiles mortes, les garder et les aimer. Celles-là n’étaient pas pour Alain. Où trouverait-il la sienne ? Il ne savait ; mais, certes, il la trouverait. Ce serait une bien belle chose. Il l’allumerait, et elle lui appartiendrait, et peut-être qu’elle le suivrait partout, comme la grosse bleue qui suivait Notre Seigneur. Dieu qui avait tant d’étoiles aurait la bonté de donner celle-là au petit Alain. Il en avait le désir si fort. Et quel étonnement pour sa grand’mère, quand il reviendrait ! Toute l’horrible forêt en serait éclairée jusque dans son tréfonds. « Dieu n’est plus seul à allumer ses étoiles ! crierait Alain. Il y a aussi mon étoile. Alain seul l’allume ici, pour faire la lumière au milieu des vieux arbres. Mon étoile ! Mon étoile en feu ! »

La lueur sautillante de la torche erra çà et là