Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bornes à chaînes, la herse d’une grille, de grands crochets de muraille ; une maison barrait la rue de sa tourelle, l’autre l’écrasait de son pignon, la troisième l’emplissait de son ventre. C’était comme un guet immobile de pierre et de bois, armé avec de la ferraille. Tout cela était noir, inhospitalier et silencieux. Alain avança, recula, se perdit, tourna en cercle, et se retrouva sur la place du Vieux-Marché. Les chandelles s’étaient éteintes et toutes les fenêtres étaient rentrées sous leurs carapaces. Il ne vit plus qu’une lueur vacillante, à une lucarne ovale, près de la pointe de la tour carrée.

On y pénétrait par l’ouverture d’un soubassement, qui n’était pas close, et les marches de l’escalier arrivaient jusqu’au seuil. Alain prit du courage, et se mit à monter dans une étroite et rapide spirale. A mi-chemin crépitait au mur une mèche qui brûlait bas, plongeant dans un bec de cuivre. Arrivé en haut, Alain s’arrêta devant une étrange petite porte incrustée de clous de bronze, et retint sa respiration. Il entendait par intervalles une voix aiguë et ancienne qui prononçait des phrases entrecoupées. Et