Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/173

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Ne porte pas en toi de cimetière. Les morts donnent la pestilence.


Et Monelle dit encore : Je te parlerai de tes actions.


Que toute coupe d’argile transmise s’effrite entre tes mains. Brise toute coupe où tu auras bu.

Souffle sur la lampe de vie que le coureur te tend. Car toute lampe ancienne est fumeuse.

Ne te lègue rien à toi-même, ni plaisir, ni douleur.

Ne sois l’esclave d’aucun vêtement, ni d’âme, ni de corps.

Ne frappe jamais avec la même face de la main.

Ne te mire pas dans la mort ; laisse emporter ton image dans l’eau qui court.

Fuis les ruines et ne pleure pas parmi.

Quand tu quittes tes vêtements le soir, déshabille-toi de ton âme de la journée ; mets-toi à nu à tous les moments.

Toute satisfaction te semblera mortelle. Fouette-la en avant.