Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

eut de la peine. Car elle voyait la figure verte, douce et triste, mouillée de larmes, et deux petites mains vertes nerveuses se pressaient sur la gorge de la fillette extraordinaire.

— Elle est peut-être tombée dans de mauvaises feuilles, qui déteignent, se dit Bûchette.

Et, courageuse, elle traversa des fougères hérissées de crochets et de vrilles, jusqu’à toucher presque la singulière figure. Des petits bras verdoyants s’allongèrent vers Bûchette, parmi les ronces flétries.

— Elle est pareille à moi, se dit Bûchette, mais elle a une drôle de couleur.

La créature verte pleurante était demi-vêtue par une sorte de tunique faites de feuilles cousues. C’était vraiment une petite fille, qui avait la teinte d’une plante sauvage. Bûchette imaginait que ses pieds étaient enracinés en terre. Mais elle les remuait très lestement.

Bûchette lui caressa les cheveux et lui prit la main. Elle se laissa emmener, toujours pleurante. Elle semblait ne pas savoir parler.

— Hélas ! mon Dieu, une diablesse verte ! cria le père de Bûchette, quand il la vit venir.