Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/99

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étendus et il sourit. Nous ne voyons rien de plus que lui. C’est une petite fille qui le mène et qui porte sa croix. Elle s’appelle Allys. Elle ne parle jamais et ne pleure jamais ; elle garde les yeux fixés sur les pieds d’Eustace, afin de le soutenir quand il trébuche. Nous les aimons tous les deux. Eustace ne pourra pas voir les saintes lampes du sépulcre. Mais Allys lui prendra les mains, afin de lui faire toucher les dalles du tombeau.

Oh ! que les choses de la terre sont belles ! Nous ne nous souvenons de rien, parce que nous n’avons jamais rien appris. Cependant nous avons vu de vieux arbres et des rochers rouges. Quelquefois nous passons dans de longues ténèbres. Quelquefois nous marchons jusqu’au soir dans des prairies claires. Nous avons crié le nom de Jésus dans les oreilles de Nicolas, et il le connaît bien. Mais il ne sait pas le dire. Il se réjouit avec nous de ce que nous voyons. Car ses lèvres peuvent s’ouvrir pour la joie, et il nous caresse les épaules. Et ainsi ils ne sont point malheureux : car Allys veille sur Eustace et nous, Alain et Denis, nous veillons sur Nicolas.

On nous disait que nous rencontrerions dans