Page:Schwob - Mœurs des diurnales, 1903.djvu/57

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fuit et l’abandonna toute en larmes : elle avait, disait-elle, distinctement reconnu son propre nom sur chacune de ces ordures, où il était accompagné des plus horribles prédictions. Nous apprîmes depuis que cette femme était une comédienne (car chez les Diurnales les femmes montent sur le théâtre), mais qu’elle avait épousé un des sujets ordinaires des Diurnales : ce qui paraît être pour la divinité de ce lieu une offense impardonnable, attendu qu’elle prétend se réserver à elle et à ses ministres les femmes des théâtres, les mimes femelles et les courtisanes des lupanars ; quelquefois même le Dieu réclame des matrones. Infâme contrée où les femmes ne peuvent avec sécurité demeurer en leurs maisons et filer la laine[1] ! Est-il possible de croire que vraiment le grand César ait habité ce lieu ?

L’action de l’oiseau qui avait couvert la comédienne d’excréments me fit dire à notre guide (qui était le fils d’un ancien Diurnale) qu’elle était sotte de se lamenter si fort et de le craindre, puisque les oracles cesseraient d’être vrais le lendemain. Mais il m’apprit que lorsque les oiseaux répandent

  1. Neque domi manere lanam facere, ut vix crediderim imperatorem unicum tali loco degisse.