Page:Schwob - Vies imaginaires, 1896.djvu/110

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À peine eut-il touché la terre, étant assez commodément descendu le long d’un des tuyaux d’or par où s’écoulait l’eau de la grande terrasse, que le palais disparut, et Sufrah fut seul au milieu du sable du désert. Il ne lui restait même pas une des bouteilles du vin d’Afrique qu’il était allé chercher à la cave sur la demande de la trompeuse princesse. Désespéré, il s’assit sous le soleil ardent, et sachant bien que l’étendue de sable torride qui l’entourait était infinie, il s’enroula la tête dans son manteau et attendit la mort. Il ne possédait plus aucun talisman ; il n’avait point de parfums pour faire des suffumigations ; pas même une baguette dansante qui pût lui indiquer une source profondément cachée, afin d’apaiser sa soif. La nuit arriva, bleue et chaude, mais qui calma un peu l’inflammation de ses yeux. Il eut l’idée alors de tracer sur le sable une figure de géomancie, et de demander s’il