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Page:Schwob - Vies imaginaires, 1896.djvu/133

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la lueur d’une chandelle de résine, avant l’heure d’aller se coucher. Becchina lavait la vaisselle, et ses cheveux étaient constamment emmêlés. Elle se moquait de Cecco parce qu’il avait la bouche tordue.

Vers ce temps, commença à se répandre dans Florence le bruit de l’amour excessif qu’avait eu Dante degli Alighieri pour la fille de Folco Ricovero de Portinari, Béatrice. Ceux qui étaient lettrés savaient par cœur les chansons qu’il lui avait adressées. Cecco les entendit réciter et les blâma fort.

— Ô Cecco, dit Becchina, tu te moques de ce Dante, mais tu ne saurais pas écrire de si beaux envois pour moi.

— Nous verrons, dit Angiolieri en ricanant.

Et premièrement, il composa un sonnet où il critiquait la mesure et le sens des chansons de Dante. Ensuite il fit des vers pour Becchina, qui ne savait pas les lire, et qui