Page:Schwob - Vies imaginaires, 1896.djvu/158

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avait des lèvres grasses d’où les paroles glissaient pour adorer. Dès qu’il obtint son baccalauréat de théologie, l’Église eut les yeux sur lui. Il officia d’abord dans le diocèse de l’évêque de Beauvais qui connut ses qualités et se servit de lui pour aviser les Anglais devant Chartres sur divers mouvements des capitaines français. Quand il eut environ trente-cinq ans d’âge, on le fit chanoine de la cathédrale de Rouen. Là, il fut bon ami de Jean Bruillot, chanoine et chantre, avec lequel il psalmodiait de belles litanies en l’honneur de Marie.

Parfois il faisait remontrance à Nicole Coppequesne, qui était de son chapitre, sur sa fâcheuse prédilection pour sainte Anastasie. Nicole Coppequesne ne se lassait point d’admirer qu’une fille aussi sage eût enchanté un préfet romain au point de le rendre amoureux, dans une cuisine, des marmites et des chaudrons qu’il embrassait avec ferveur ;