Page:Schwob - Vies imaginaires, 1896.djvu/163

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Le 24 mai, Jeanne fut menée au cimetière de Saint-Ouen où on la fit monter sur un échafaud de plâtre. Elle trouva près d’elle Nicolas Loyseleur qui lui parlait à l’oreille tandis que Guillaume Erart la prêchait. Quand elle fut menacée du feu, elle devint blanche ; tandis que le chanoine la soutenait, il cligna des yeux vers les juges et dit : « Elle abjurera. » Il lui conduisit la main pour marquer d’une croix et d’un rond le parchemin qu’on lui tendit. Puis il l’accompagna sous une petite porte basse et lui caressa les doigts :

— Ma jeannette, lui dit-il, vous avez fait une bonne journée, s’il plaît à Dieu ; vous avez sauvé votre âme. Jeanne, ayez confiance en moi, parce que si vous le voulez, vous serez délivrée. Recevez vos habits de femme ; faites tout ce qu’on vous ordonnera ; autrement vous seriez en danger de mort. Et si vous faites ce que je vous dis, vous serez