Page:Schwob - Vies imaginaires, 1896.djvu/196

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À quoi les deux Jeffes répondirent, en gémissant :

— Nous n’avons point d’argent, Votre Grâce, sinon ces paillettes de cuivre et ces pièces de camelot teint, et nous sommes de pauvres acteurs errants comme Votre Seigneurie elle-même.

— Acteurs ? s’écria Gamaliel Ratsey. Voilà qui est admirable. Je ne suis pas un rafleur, ni un coquin, et je suis ami des spectacles. Si je n’avais un certain respect pour le vieux Derrick qui saurait bien me traîner sur l’échelle et me faire dodeliner de la tête, je ne quitterais pas le bord de la rivière, et les joyeuses tavernes à drapeaux, où vous autres, mes gentilshommes, vous avez coutume d’exposer tant d’esprit. Soyez donc les bienvenus. La soirée est belle. Dressez votre estrade et jouez-moi votre meilleur spectacle. Gamaliel Ratsey vous écoutera. Ce n’est pas ordinaire. Vous pourrez le raconter.