Page:Schwob - Vies imaginaires, 1896.djvu/221

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dieux. L’aiguillon divin qu’il avait en lui l’excita à créer. Il songea qu’il pourrait fonder une génération dans son propre sang, et se propager comme dieu sur terre. Il regarda sa fille, et la trouva vierge et désirable. Pour accomplir son dessein à la face du ciel, il ne trouva point d’endroit plus significatif qu’un cimetière. Il jura de braver la mort et de créer une nouvelle humanité au milieu de la destruction fixée par les ordres divins. Entouré de vieux os, il voulut engendrer de jeunes os. Cyril Tourneur posséda sa fille sur le couvercle d’un charnier.

La fin de sa vie se perd dans un rayonnement obscur. On ne sait quelle main nous transmit la Tragédie de l’Athée et la Tragédie du Vengeur. Une tradition prétend que l’orgueil de Cyril Tourneur se haussa encore. Il fit élever un trône dans son jardin noir, et il avait coutume d’y siéger, couronné